Flamboyantes, aériennes, majestueuses : lorsqu’au moment du tableau « J’arrache », juste avant la fresque de la St-Martin, les 36 Loïe Flammes font leur entrée sur la scène, s’avançant tout à la fois sur la couronne supérieure et au niveau du plancher LED, le public de l’arène de la Fête retient son souffle. Et s’interroge : qui sont ces créatures fantastiques, aux immenses ailes qui battent l’air ? Elles rendent hommage à une femme au destin exceptionnel qui a bouleversé l’art de la chorégraphie : Loïe Fuller, nom de scène de Mary Louise Fuller, née aux Etats-Unis en 1869, morte à Paris en 1928, comédienne et danseuse célèbre pour les voiles qu’elle faisait tournoyer dans ses chorégraphies, grande rivale de la non moins célèbre Isadora Duncan. Romanesque, fascinant et tragique, sa vie, et la compétition entre les deux danseuses, a été racontée en 2016 sur grand écran dans «La Danseuse » avec Soko et Lily-Rose Depp dans les rôles titres.
Loïe Fuller : une référence également pour Daniele Finzi Pasca et sa costumière Giovanna Buzzi. Déjà Carmen, au théâtre San Carlo à Naples, ou La Verita, deux productions de la Compagnia Finzi Pasca auxquelles Giovanna Buzzi collaboraient, faisaient apparaître des costumes de voiles blancs clairement inspirés de Loïe Fuller. Quarante mètres de tissu, teints à la main pour donner des dégradés de rouge différents, ont été nécessaires pour fabriquer chacune des grandes capes de soie et organza. Un tissu spécialement léger, qui gonfle à la moindre brise, à la manière d’une voile de bateau, a été sélectionné pour ce costume. Les 36 actrices-figurantes, des gymnastes de la région tout comme le reste de la troupe qui interprète le tableau « J’arrache », sont équipées aux poignets de prothèses dans lesquelles elles fixent les tiges de carbone qui gardent les ailes déployées.
Isabelle Falconnier