Etre figurant par-delà le temps

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Etre figurant par-delà le temps

Ferveur populaire. Les plus de 5000 inscrits ont souvent vécu plus d’une Fête des Vignerons, entourés de leur famille.

Yvette et Michel Neyroud ont participé en 77 et 99

Yvette et Michel Neyroud ont participé en 77 et 99, cette fois-là avec leurs enfants Julien et Coralie (cette dernière n’avait alors que 17 ans!). Pour 2019 – sauf Yvette qui gardera Baptiste –, tous sont inscrits y compris la compagne de Julien, Mélanie Fort. MARIUS AFFOLTER

Fierté et fidélité commencent par la même lettre que figurants. Pas un hasard, puisque ces deux mots qualifient le mieux l’attache indéfectible entre la Fête des Vignerons et les personnes qui ont tenu un rôle dans ses arènes.
Michel Panchaud, 79 ans, fait partie de cette cohorte de fervents. Il raconte: «Dans ma famille, aussi loin que je me souvienne et d’après les récits de ma grand-mère, à chaque génération, on y a participé avec enthousiasme.» Pour 2019, le passage de témoin continue: «Ce n’est plus tout à fait de mon âge, mais ma petite-fille s’est inscrite.»
Autre fidèle, Jean-Claude Campiche, 78 ans: Cent-Suisses à la célébration de 1977, trois générations de sa famille étaient à ses côtés. «Après 55 et 77 comme figurant, puis 99 à l’organisation, je serai simple spectateur cette fois. Mais quand même peut-être costumé, en tant que conseiller honoraire de la Confrérie!»

«Perpétuer la mémoire»
Etre figurant pour la Fête des Vignerons, c’est donc s’unir en famille à la grande célébration de la vigne et de ceux qui la cultivent.
Mais c’est aussi garder ce lien vivant y compris pendant le quart de siècle qui sépare les représentations. «Nous sommes nombreux à perpétuer la mémoire des anciennes Fêtes: ainsi, sur les rayons de la bibliothèque de ma maman, se trouvent des partitions des différentes Fêtes et de nombreux souvenirs de famille qui se rapportent à Carlo Hemmerling, compositeur de la Fête de 1955, cousin de mon grand-papa maternel», souligne Lucile Grangier, 34 ans, costumée en bacchante lors de la dernière édition, alors âgée de seulement 15 ans.
Dans le même esprit, sur le bureau d’Yvette Neyroud trône une image de son mari, expert, représenté en marionnette en 99. A proximité immédiate, la photo de sa fille, qui, comme figurante, «portait justement l’une des marionnettes, mais pas celle de son père!» sourit celle qui, après deux éditions, ne participera pas en 2019. Elle ne sera plus photographiée par des touristes asiatiques, avec son costume, lors d’une escapade à Montreux. «Mes enfants sont inscrits. Je garderai mon petit-fils.»
Une seule chose a changé, pour devenir figurant de la première Fête du XXIe siècle. Cette fois, les intéressés doivent passer par une procédure de pré-inscription. «Afin de filtrer les compétences», explique François Margot, abbé-président de la Confrérie des Vignerons.
Le metteur en scène, Daniele Finzi Pasca, peut ainsi jauger non seulement du nombre de personnes à sa disposition, mais aussi des différents talents. Le formulaire de pré-inscription s’enquiert en effet d’aptitudes particulières (de musicien, d’acteur, ou même de gymnaste) des intéressés. «Il y aura certes un socle extrêmement important de chanteurs, mais pas besoin de compétences extraordinaires: la majorité des figurants ne sera pas constituée de spécialistes, souligne François Margot. Une grande part des personnes retenues sera présente dans des tableaux simplement pour figurer, au sens noble du terme.»

Socle de 5000 mordus
L’inscription définitive interviendra au moment où les pré-inscrits accepteront la proposition de rôles de la Confrérie (cas échéant, une ou deux offres alternatives au maximum pourraient leur être soumises), ainsi que le costume et son coût. En 99, 4800 figurants avaient participé au spectacle.
Cet automne, soit deux ans avant les festivités, plus de 5100 personnes ont déjà manifesté leur intérêt. Les membres de la Confrérie seront prioritaires. «Le nombre de pré-inscriptions a crû très vite, puis a ralenti, constate l’abbé-président. Ce chiffre de 5000 doit correspondre à une jauge naturelle de nos fidèles. C’est très positif: je connais peu d’opérations où les gens sont prêts à s’engager pour ainsi dire à l’aveugle et sur une si longue durée (ndlr: 18 représentations prévues).»
Par respect pour cet investissement, il est prévu de condenser au maximum les périodes de répétitions. Ce qui n’empêchera à coup sûr pas les figurants d’imprimer à jamais ces moments dans leur mémoire.
Comme Jean-Luc Schwab, 79 ans, qui peut «encore fredonner plusieurs des airs de 1955, qui sont restés dans le répertoire. Mon meilleur souvenir.» Diane Duperret n’avait que 17 ans lorsqu’elle a pris part à celle de 1999. Mais cela reste aussi pour elle «l’un des moments les plus incroyables de ma vie». Stéphanie Arboit

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Yvette et Michel Neyroud ont participé en 77 et 99, cette fois-là avec leurs enfants Julien et Coralie (cette dernière n’avait alors que 17 ans!). Pour 2019 – sauf Yvette qui gardera Baptiste –, tous sont inscrits y compris la compagne de Julien, Mélanie Fort. MARIUS AFFOLTER

Supplément du 30 septembre – 1er octobre 2017