Mission chef-fe de troupe

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Mission chef-fe de troupe

Les quelques 5’500 acteurs-figurants de la Fête des Vignerons 2019 sont regroupés au sein de six troupes. Des troupes menées par un chef, dont la tâche consiste à faire en sorte que les répétitions soient suivies et qu’ensuite chacun se retrouve au bon endroit, au bon moment. Portraits de ces chefs — dont une cheffe — tous vignerons et membres du Conseil de la Confrérie des Vignerons.

Le spectacle de la Fête des Vignerons 2019 sera grandiose, cela ne fait aucun doute. Mais l’on se doute bien que pour parvenir à ce résultat, il faut beaucoup de bonne volonté, de solides compétences et une organisation sans faille. Notamment pour gérer les quelques 5’500 acteurs-figurants qui évolueront dans l’arène. Et qui sont répartis dans six troupes. «Il y en a toujours eu à la Fête des Vignerons», explique Jean-François Chevalley, le Président de la Commission des troupes. Les six chefs de troupe ont été choisis parmi les membres du Conseil de la Confrérie des Vignerons. «Outre leur rôle officiel, ce sont des personnes qui connaissent bien la sensibilité de la zone d’où proviennent les acteurs-figurants et les gens qui y résident», précise Jean-François Chevalley. Faisons maintenant plus ample connaissance avec ces chefs — et deux adjoints, tous amoureux de la vigne et du vin, tous enthousiasmés par leur tâche et par la prochaine Fête des Vignerons.


Luc Massy, Epesses, 66 ans, chef de la troupe du Couronnement

Luc Massy est très content de diriger cette troupe. Elle comprend notamment les Cent Suisses. Le vigneron d’Epesses a été un des leurs en 1977 comme en 1999, son père en 1955 et 1977, et ses deux fils en feront partie en 2019. «Le costume des Cent Suisses est formidable, c’est une troupe qui est remarquée.» Luc Massy représente la troisième génération à la tête du domaine familial. «Le virus de la vigne et du vin, qui se transforme ensuite en passion, je l’ai attrapé relativement tard, à 18 ans.» Un domaine fondé par son grand-père: «Il avait trouvé un travail de comptable chez Fonjallaz. Ensuite, il leur a acheté des vignes et le fameux Clos du Chemin de Fer (qui aujourd’hui a perdu son “clos”)». Un vin blanc aujourd’hui célèbre dans le monde entier, un Dézaley emblématique, un des joyaux du domaine, avec le non moins fameux Clos du Boux, le seul «Clos» de l’appellation d’Epesses. «L’édition 2019 de la Fête des Vignerons va être pétillante et flamboyante, se réjouit Luc Massy. En plus, avec les Cent Suissesses, on montre qu’on est dynamique et qu’on accepte le changement.»


Denis Fauquex, Riex, 51 ans, adjoint du chef de la troupe du Couronnement

Comme Luc Massy, son chef de troupe, Denis Fauquex a fait partie des Cent Suisses en 1999. Le vigneron-encaveur de Riex représente la 17e génération à la tête du domaine qui, depuis 1380, est entre les mains de la même famille. Et son grand-père, Charles- Frédéric Fauquex (1898-1976) fut non seulement vigneron, mais également homme politique: syndic de Riex, conseiller national, conseiller aux Etats. Et il commanda les Cent Suisses lors de la fête de 1955! «Je suis un fervent défenseur du chasselas, explique Denis Fauquex, j’en cultive sur 90% de mes 4 hectares.» Le Riex blanc a fait la renommée du domaine, qui produit également de l’Epesses, du Calamin et du Dézaley. Mis à part la vigne et le vin, Denis Fauquex adore la montagne, où il skie et fait de la randonnée. Il avait très envie de faire partie des Cent Suisses historiques pour cette édition et en sera le porte-bannière. «La Fête des vignerons a pour but de célébrer un métier fabuleux. Elle sert à exprimer nos émotions, nos peines et nos joies.»


Jean-Daniel Porta, Aran-sur-Villette, 52 ans, chef de la troupe Chœur de la Fête et Voix d’enfants

«Je vous assure, ce n’est pas pour mes qualités de chanteur qu’on m’a nommé à ce poste», rit Jean-Daniel Porta. Lors de l’édition de 1999, il ne chantait d’ailleurs pas mais était un des Vignerons Guerriers, tandis que son épouse faisait partie des Danseuses de la mi-été. En 2019, toute la famille va participer à la Fête des Vignerons. Madame se produira avec le Chœur symphonique de Vevey, un des fils conduira un tracasset, l’autre sera dans la Troupe des Etourneaux tandis que sa fille sera une des Cent Suissesses. A Villette, Jean-Daniel Porta mène l’entreprise familiale. Son grand-père faisait tout à la fois le vigneron et l’agriculteur et c’est son père qui a construit la maison actuelle et la cave. La famille Porta est aujourd’hui adepte de la production intégrée (PI). «Nous privilégions les méthodes de lutte douces, en utilisant avant tout les ressources et les mécanismes de régulation naturels. On est le plus respectueux possible de la nature.» Pour Jean-Daniel Porta, la Fête des Vignerons 2019 «fera dans le beau et le poétique».


Jean-François Neyroud, Chardonne, 55 ans, chef de la troupe Musiciens

Jean-François Neyroud aime et connait bien la musique, même si cela fait longtemps qu’il a arrêté le piano, après en avoir fait durant 10 ans. «Mes ancêtres ont quitté la Savoie pour la Suisse en 1’400. Cela fait aujourd’hui plus de cent ans que nous sommes dans la vigne.» C’est avec sa femme que Jean- François Neyroud faisait partie de la Suite de Cérès en 1999, après avoir été un Marmouset porteur de gui en 1977. Lors de la Fête des Vignerons 2019, elle sera Effeuilleuse tandis que les deux fils feront partie des Couleurs. Depuis une vingtaine d’années, les Neyroud ont accordé une attention particulière au vin rouge. «Je suis particulièrement content de notre Cardonna (le nom de Chardonne en l’an 1000), un assemblage de gamaret, garanoir, gamay et diolinoir élevé en barriques.» Jean- François Neyroud se réjouit de sa troisième Fête des Vignerons : «On sent qu’elle se professionnalise de plus en plus. Elle va être grandiose et pleine d’émotion. Et puis, les musiques sont belles, on pourra les fredonner dans les vignes…»


Janine Huber, Ollon, 38 ans, cheffe de la troupe Etourneaux, Couleurs, Maîtres-Tailleurs, Marins et Pêcheurs

Jeune, femme et Chablaisienne, Janine Huber représente à elle seule trois minorités au sein du Conseil de la Confrérie des Vignerons. A 38 ans, ingénieur œnologue, elle œuvre sur le domaine familial, l’Abbaye de Salaz. C’est une exploitation mixte, active bien sûr dans la viticulture et l’encavage, mais qui produit également de la viande de bœuf et des céréales. «J’ai grandi sur le domaine. Mes parents ne nous ont jamais forcés à le reprendre, mais je suis une personne d’extérieur, pas de bureau, alors ça me plaît de m’adonner à cette tâche. Il s’agit d’un magnifique outil de travail que nous exploitons à deux familles.» Celles de Margreth et Lotti, les deux filles de Max Zbinden, un paysan bernois qui s’est installé ici en 1949. Le domaine, lui, existe depuis l’an 1’000 et a longtemps été la propriété de l’Abbaye de Saint-Maurice. «La Fête des Vignerons est une excellente occasion pour tisser des liens entre le plaisir des amateurs de vin et le travail des vignerons. Et aussi pour renouer avec le Chablais.»


Olivier Viret, Begnins, 55 ans, adjoint de la cheffe de la troupe Etourneaux, Couleurs, Maîtres-Tailleurs, Marins et Pêcheurs

Contrairement aux autres chefs ou adjoints de chef de troupe, Olivier Viret n’est pas à la tête d’un domaine viticole et ne vit ni dans le Chablais ni dans la région de Lavaux. Lui, il est le petit-fils d’un de ces vignerons-tâcherons que célèbre la Fête des Vignerons, même si au bord du lac de Bienne, où il est né et où son grand-père cultivait la vigne, on n’emploie pas ce terme très vaudois. Après un apprentissage de vigneron, il est devenu ingénieur agronome, puis a œuvré à l’Agroscope de Changins, participant notamment à la conception du cépage rouge divico. Aujourd’hui, il est chef du Centre de compétences vitivinicoles et cultures spéciales du canton de Vaud. C’est la première fois qu’Olivier Viret va vivre la Fête des Vignerons de l’intérieur. «C’est déjà un grand plaisir! J’ai vu les costumes, ils sont formidables. Cette édition 2019 sera la fête des tous les superlatifs. Je sens qu’il y a une association intéressante entre la tradition et le renouveau. Je me réjouis de voir le spectacle et d’y participer!»


Jean-Daniel Rogivue, Chexbres, 55 ans, chef de la troupe Hôtes de la Saint-Martin et Convives de la noce

Ils sont deux, les frères Rogivue, des jumeaux que peu de choses différencient, si ce n’est que l’un d’eux, Jean- Daniel, est chef de troupe de la prochaine Fête des Vignerons. «Mon grand-père a décidé d’être agriculteur et son père lui a construit une ferme.» Un grand-père qui cultivera une parcelle de vigne sur les pentes de Lavaux, pour en vendre le moût. C’est son fils, Daniel, qui sera l’artisan de ce que sont aujourd’hui les fameux vins des Rogivue. «En 1977, j’avais 14 ans et j’étais porteur de bannière pendant la Fête des Vignerons. Pour l’édition de 1999, j’étais dans la Suite de Cérès avec ma femme.» En 2019, Mme Rogivue fera partie de la Noce, le fils sera un des Cent Suisses historiques et sa sœur évoluera dans les Couleurs. «Le budget de cette édition est important, le spectacle va être grandiose. Avec Daniele Finzi Pasca, nous avons passé une vitesse supérieure. Tout le monde se réjouit. Mis à part le spectacle, il y aura la Ville en Fête. En 1999, ça a été fabuleux. Rien d’y repenser, j’en ai des frissons!»


Alain Emery, Aigle, 42 ans, chef de la troupe Danseurs et gymnastes

«Je n’ai pas participé à la fête de 1977, j’avais à peine un an. Par contre, en 1999, j’ai absolument voulu en être, même si je me trouvais à un mois de mes examens finaux d’ingénieur œnologue.» Alain Emery représente la cinquième génération à la tête du domaine familial. «Mon frère m’a rejoint sur le domaine. Mon père et mon oncle continuent de nous donner de précieux coups de main. Chez nous, on écoute ce qu’a à dire la génération précédente.» Chez les Emery, le chasselas est bien sûr le roi, mais on élève aussi du pinot noir, du gamay et du sauvignon. Sans oublier du vin doux ou mousseux et un assemblage chasselas-sauvignon. «On se diversifie petit à petit, on a l’esprit d’ouverture.» C’est ainsi qu’Alain Emery et sa famille se sont par exemple lancés dans l’œnotourisme. «Je suis impatient de voir cette édition 2019 de la Fête des Vignerons, de découvrir ce qui sortira de tout le travail qui aura été accompli. Plus ça avance et plus on sent que ça va être gigantesque. De toutes façons, les générations passent et la Fête reste!»


Texte : Patrick Morier-Genoud / adaptation de l’article du Magazine #2 par Anick Goumaz – Photos: Guillaume Perret│Lundil3.ch © Fête des Vignerons