Samedi 28 juin, durant la cérémonie, entre l’allocution du représentant du Conseil d’Etat vaudois et l’appel des vigneronnes et vignerons tâcherons récompensés, nous entendrons pour la première fois un chant nouveau: l’hymne de la Confrérie des Vignerons. Étonnamment, une nouveauté. Car la Confrérie des Vignerons n’a jamais eu d’hymne propre ! « Lors des cérémonies de la Confrérie, nous chantons parfois l’hymne vaudois, ou des chants tirés des dernières Fêtes des Vignerons, explique Nicolas Gehrig, Abbé-Président de la Confrérie des Vignerons. Mais nous souhaitons faire mieux connaître à la population l’activité viticole de la Confrérie, son importance dans le suivi du travail de la vigne dans la région, et ceci depuis le Moyen Âge. Ainsi, depuis 2022, la cérémonie de Triennale est publique. Nous nous sommes rendus compte qu’il nous manquait une musique propre, emblématique, qui nous représente autant qu’elle parle au public d’aujourd’hui.»

La Confrérie des Vignerons a ainsi mandaté à l’été 2024 un tandem chic et choc, soit un écrivain, Thierry Raboud, 38 ans, poète, écrivain et journaliste culturel au journal La Liberté, auteur notamment du livre d’artistes Lavaux d’ombres, et un musicien, Théo Schmitt, 34 ans, compositeur et chef d’orchestre vaudois installé une grande partie de l’année à Los Angeles, actif dans le monde du cinéma indépendant. Tous deux ont un lien fort à la région de Vevey : Thierry Raboud habite Corseaux et Théo Schmitt a grandi à Chardonne, où il revient régulièrement. Leur mission : honorer le travail des vigneronnes et vignerons-tâcherons, valoriser celui des experts de la Confrérie lors de leurs visites des vignes, rendre hommage aux paysages viticoles.

« Je voulais écrire un poème régulier et rimés, explique Thierry Raboud. J’ai imaginé des vers de 6 pieds qui symbolisent l’échelle de notation sur 6 des experts, puis une structure ternaire qui symbolise le rythme des Triennales et le rythme des visites des experts dans les vignes. » Ainsi, « tout grandit sous ta main / et vers demain s’élève / artisane de la Terre / au chevet du dévers », et « bientôt viendra l’expert / goûter à ton labeur / le palissage en vert / l’adieu des entrecœurs », raconte ce texte évocateur, intitulé « L’Aube verte », qui s’inscrit dans l’histoire des Fêtes des Vignerons en citant subtilement certains poèmes des Fêtes de 1977, 1999 et 2019.

« Lavaux est un paysage culturel que l’on doit entièrement à un travail humain constant, quotidien. »

Théo Schmitt se lance dans la composition de la partition musicale après avoir reçu le poème de Thierry Raboud. « J’ai été très heureux d’être sollicité par la Confrérie. La Fête des Vignerons est mythique. J’ai tout de suite aimé le texte de Thierry. Sa simplicité épurée, sa grande profondeur, sa structure claire. Comme il fait de fines allusions à des livrets des Fêtes précédentes, j’ai à mon tour glissé des citations musicales de « Ô moisson de mon enfance » de 1977, « Colombine » de 1999 et « Vendange 1 » de 2019. J’ai beaucoup travaillé avec des ostinatos, des formules musicales qui se répètent, en pensant aux gestes des vignerons dans la vigne. Je voulais aussi que ma musique raconte la fragilité que l’on ressent face au climat, aux difficultés des acteurs de la vigne, non sans une certaine nostalgie aussi. »

Résultat : « Mission parfaitement accomplie ! » pour Nicolas Gehrig. « Le texte est très beau, il va droit au but, rend hommage autant aux travailleurs de la terre qu’au paysage. La musique est entrainante sans démagogie, émouvante sans mièvrerie.»

Vivifiant, lyrique, ce nouvel hymne a tout pour plaire